Dracula: le sens et la forme

Pour créer un portrait de vampire conforme aux croyances de l’Europe de l’Est, Bram Stoker étudie l’histoire et les folklores populaires de Transylvanie. Il s’inspire de Vlad III ( Vlad Tepes) mais il rajoute d’autres aspects qui sont toujours présents de nos jours. (Comme le fait que le vampire puisse lire dans les pensées). Ayant lu le livre qui parlait de mon père, j’étais obligé de vous le présenter.

 

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sources: http://www.yozone.fr/spip.php?article9402 Cette image est une couverture de Dracula datant de 1897 et de l’édition Livre de Poche. La couverture a été créée par Clayton Bastani et Trevillion Image.

Dans le livre, Jonathan Harker (un jeune clerc notaire anglais chez Dracula pour affaire) décrit le comte. Les attributs que le jeune homme lui donne font penser à certaines caractéristiques du vampire romantique. En lisant sa description , vous comprendrez lesquelles :

« Son visage, avec son nez aquilin et effilé, ses narines particulièrement larges, exprimaient la force. Il avait le front bombé, des cheveux clairsemés au niveau des tempes mais abondants ailleurs. Ses sourcils broussailleux se rejoignait presque au-dessus de son nez. La bouche avait quelque chose de cruel, et les dents, particulièrement pointus et très blanches, avançaient au-dessus de ses lèvres dont la couleur rouge vif témoignait d’une vitalité étonnante pour un homme de son âge. Il avait un menton large et fort et des joues fermes bien que maigres. L’impression générale était d’un extrême pâleur. J’avais déjà remarqué le dos de ses mains qui m’étaient parues blanches et fines, mais à la lueur du feu, je constatai alors qu’elles étaient plutôt grossière, larges avec des doigts épais et curieusement, des poils au milieu de ses paumes. Les ongles étaient cependant longs et taillés en pointe.» (Traduction de Josette Chicheportiche).

Ce portrait nous rappelle celui de Vlad Tepes, certaines parties du corps de Dracula sont similaires à celles de l’Empaleur, telles que le nez et la forme du visage. Bram Stoker donne des caractéristiques surnaturelles au héros du roman, en effet , Dracula ne peut pas voir son reflet dans un miroir, mais il est doté des dons de télépathie et d’hypnose ainsi que du pouvoir de se transformer en chauve-souris et en loup (il peut donc contrôler les loups). L’auteur évoque tout de même différentes faiblesses comme la crainte du soleil, le fait qu’il ne puisse pas sortir de ses terres sous peine d’être affaiblit; la craintes des crucifix etc…

Dans le livre, des femmes vampires sont aussi introduites, elles sont décrites comme « belles » et « excitantes ». Jonathan Harker insiste sur le fait qu’il aimerait que les trois femmes l’embrasse. Les femmes sont alors , dans le livre de Stoker, le symbole de la luxure.

Le thème du vampire n’est pas le seul évoqué dans l’histoire, le progrès scientifique de l’époque l’est également, comme l’invention du télégramme, du phonographe ou encore certains progrès en psychiatrie qui prend maintenant en compte l’humanité du patient. D’ailleurs, la religion est aussi très présente dans le livre. En effet, Bram Stoker évoque implicitement le fait que Dracula soit un homme maudit par Dieu après qu’il l’est renié suite au destin de sa bien aimée. Celle-ci est devenue damnée suite à son suicide car elle croyait le comte mort.

A la fin du livre , Dracula meurt en se faisant égorger et poignarder en plein cœur. Cette scène montre une présence de surnaturelle car le corps du comte « retombe en poussière puis disparaît». Il énonce et insère une morale qui se trouve dans la phrase : «Mais alors que je les fixais, je les vis se tourner vers le soleil, et la haine qui les emplissait se transforma en triomphe». Cette phrase montre le triomphe du bien sur le mal, le bien est symbolisé par le «soleil» et le mal est représenté par la «haine». La morale montre que la «Lumière» battra toujours les «Ténèbres».

Parlons maintenant de sa forme, Dracula est un roman étonnant puisqu’il contient différents types de sous genres.

Dracula, des formes épistolaires : Ce roman peut être considéré comme un roman épistolaire car les récits sont alimentés par des lettres, un journal intime et des témoignages.

Dracula, un roman gothique ou roman noir : Le livre de Stoker suit le même déroulement

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Couverture d’une édition de Dracula datant de 1902

qu’un roman gothique. Dans ce genre littéraire, l’action se déroule généralement dans un endroit isolé, abandonné ou hanté où une jeune femme est confrontée à la cruauté d’un être démoniaque qui à la fin sera puni pour ces malfaisances. Ce déroulement rappelle le Château de Dracula, l’histoire de Mina
(la fiancée de Jonathan Harker) et la mort de Dracula.

Dracula, un roman à connotations fantastiques: Dracula relève aussi du genre fantastique. Plusieurs faits le démontrent comme le climat de tension et de peur, des phénomènes inexplicables ainsi que la présence de surnaturel.

Dracula, un roman presque érotique : Le thème de l’érotisme est subtilement introduit puisqu’il n’est pas visible au premier coup d’œil .  Pourtant dans plusieurs scènes, l’ érotisme est mis en avant. Par exemple, lors de l’apparition des trois femmes vampires ou encore lorsque Lucy, une amie de Mina se transforme en vampire , «son visage était marqué de voluptueux désirs», elle symbolise la luxure.

Aujourd’hui, nous voyons Dracula comme une créature terrifiante et on le qualifie parfois de «Prince des ténèbres». Pourtant, ceux qui liront le livre verront que Bram Stoker décrit le comte comme victime de sa malédiction. On pourrait croire que Dracula boit du sang comme bon lui semble et qu’il aime semer la terreur mais c’est par obligation qu’il le fait. Le père des vampires ne se nourrit de sang que lorsque la faim est trop présente. Il vit d’ailleurs à travers les âges pour retrouver sa bien aimé (Il croyait que Mina était la réincarnation de celle-ci). Les films et les différentes époques ont fait que Dracula soit vu comme un homme cruel.  Pour connaître la vérité, il faut revenir aux sources.

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